dimanche 8 avril 2012

L'agneau des prés...

Le marché du samedi, à Thiviers, c'est le moment clef de la semaine. On "monte" à la foire... Faire ses achats, bien sûr, mais aussi et surtout vivre un  moment de sociabilité. C'est là qu'on se rencontre, qu'on échange les nouvelles des proches, qu'on parle de ses petits bonheurs et de ses peines, après une semaine passée dans les champs ou à l'atelier...

Le marché a son rythme. Aux aurores, c'est le temps des marchands de primeurs. Un banc de fruits et légumes, c'est long à monter. Fatigant aussi. Tréteaux et planches vont devoir supporter un amoncellement de cageots débordants des produits de saison...

Arriver tôt, c'est aussi la possibilité de "marquer son territoire". Votre voisin a tôt fait de vous "gratter" quelques centimètres ! Mais l'ambiance est plutôt bon enfant, les forains s'interpellent entre eux, souvent sur des blagues convenues, mais qui font toujours rire... Et puis, vite, le café avant que les premiers clients n'arrivent... Les premiers, ce sont les plus déterminés. Ils ont un repas de famille le midi, veulent être sûrs de trouver ce qu'ils cherchent, ont préparé leurs listes et savent "chez qui" c'est le meilleur...

- Ah ? Vous n'avez pas de tomates ?

Sourire de Pierre Bouthier, derrière son banc adossé à l'église...

- Non Madame, des tomates début avril, j'y arrive pas !
- Ah, c'est vous qui produisez ?
- Oui, tout ce que vous voyez...
- Même les radis, là ? Sais pas comment vous faites, moi, ils sortent pas avant mai !
- Bah, oui, mais c'est un peu mon métier, Madame !
- Bon, alors, vous me mettrez....

Au bout du banc de légumes, c'est la vitrine froide, avec l'agneau. Les agneaux de Pierre et Laure, c'est que du bonheur... Enfin, un peu de travail aussi... Je me souviens, pendant le grand froid du début février, la bergerie et ses canalisations gelées... Laure et ses seaux d'eau pour abreuver les brebis. Et les agneaux nouveaux-nés, contre elle, qu'ils ne subissent pas un choc thermique fatal, à la naissance...

Tiens, aujourd'hui, il y a du filet d'agneau roulé...

- C'est bon mais c'est un peu sec, faut bien le cuire, tout doucement.

J'aime bien quand Pierre prend des airs de cuisinier inspiré...

Moi, l'agneau, c'est immédiatement l'association d'idées avec le Maroc... C'est comme ça. Mais bon, je fais déjà le tajine aux fruits secs. Il va falloir varier ! C'est sans doute le moment de sortir le seau qui est arrivé le mois dernier. Directement du Maroc, de chez le Meknessis... Empli de petits citrons confits.

L'imaginaire travaille aussitôt. J'imagine le filet confit, cuit un paquet d'heures, tout moelleux, une tonalité douce, légèrement sucrée réveillée par l'acide du citron...

Le miel, dans la poêle, fait chanter les quartiers de citron et les pommes, relevé par une note de gingembre en poudre. Reste à y faire griller le pavé de filet déjà cuit, bien épais et fondant...

 

Bon appétit !